Cette page profondément marquée
par le romantisme germanique cher au compositeur a été écrite en 1992.
Elle résulte d'une commande du Trio Controverse, alors à l'orée de
sa carrière, qui cherchait à constituer un répertoire unissant trois
instruments apparemment hétérogènes, la flûte, la percussion et la harpe
bleue, c'est à dire une harpe offrant à l'interprète la possibilité
d'une amplification et d'une transformation des sonorités de l'instrument.
Dans cette Marche lente, j'ai usé avec beaucoup de sobriété
de la transformation du son, utilisant principalement l'amplification,
qui m'a permis de conserver la beauté sombre de la harpe dans le grave
et la netteté et la force des attaques dans l'aigu, et m'a permis aussi
de la placer au même plan sonore que ses deux partenaires.
Cette oeuvre comporte quatre mouvements enchaînés: Marche lente,
introduite par la percussion (caisse-claire en particulier), où celle-ci
dialogue avec la harpe, Marche, Allegro violent confié au tutti, coupé
de silences abrupts, Lied, dans une ambiance plus apaisée et Déploration (la flûte est l'instrument "conducteur" dans ces deux mouvements) concluant
l'œuvre dans un climat mélancolique troublé par quelques stridences
aiguës "ff", mais aussi par des lumières hésitantes apportées par une
mélodie en hémiole, beaucoup plus douce, jouée par la flûte.
L'ensemble situe certes l'œuvre dans un climat contemporain, mais marqué
par une tradition musicale d'Europe Centrale (et en particulier par
l'influence de certaines musiques juives), et aussi par un souvenir
de la mélodie française plus lointaine (Berlioz).
Extrait
audio : interprétation par le trio Controverse
(Martine Flaissier, harpe bleue ; Henry Vaudé, flûte ;
Philippe Charneux, percussions).