Mit Innigkeit C'est la voix
intérieure, celle qu'il faut savoir entendre et écouter, qui nous parle
de la tombée du jour, du vent dans les feuilles, de l'ami qui passe.hommage
à Schumann, à Eusebius et Florestan. C'est aussi cette voix intérieure,
qu'évoque Andrée Chédid, avec qui j'ai eu le plaisir de travailler récemment
"Où es-tu ma voix lointaine- toi qui parles comme mon âme- enfouie
sous le jour et les rumeurs- sous l'or et les saisons- sous les plaintes
de la rue- et le ferment des villes...dans mon tombeau de soucis et
de rires blonds- entre quelle nudité dois-je murer mon corps- pour que
vienne la voix- qui parle comme mon âme.
Les hommages Déjà dans mes 11 Préludes pour piano,
j'avais évoqué Messiaen, Beethoven, Chopin, Bartok, Debussy, Mahler.
Il s'agit ici de compositeurs du XXème siècle qui m'habitent..quand
je me sens loin de la musique, de penser à eux me rafraîchit, me tonifie..comme
des "phares baudelairiens" et j'essaie de renvoyer un peu de la lumière
qu'ils m'adressent. Il ne s'agit ni de pastiche ni de citation, mais
d'une imprégnation, d'un fouillis poétique de la mémoire, d'une tradition
aussi, pourrait-on dire, dans le sens où pour moi le concept de tradition
est un concept libre, ouvert, immense, difficile aussi.
Les marches funèbres et les autres mouvements Certes l'écriture
de deux marches funèbres clairement désignées ainsi, l'une plutôt lente,
l'autre plus animée, est issue d'un vécu personnel. Mais elle manifeste
surtout la pérennité du sentiment de la mort, perçue tantôt comme la
consolatrice schubertienne, parfois comme l'éternité entrevue. J'avais
longtemps songé écrire un "Requiem" vocal, et ce projet n'est pas
définitivement abandonné. Ce n'est pas non plus un hasard si deux de
mes ouvres sont composées sur les textes des "Psaumes", et si une
ouvre plus ancienne, pour soprano et quatuor à cordes, est écrite sur
un poème "Nuit" de Max Jacob..D' ailleurs les mouvement extrêmes sont
comme des mélancolies apaisées, des "commentaires", des "vanités". Le premier fait appel à l'écriture canonique, dans une allusion lointaine
à la polyphonie franco-flamande; le dernier est d'une veine plus mélodique,
faisant se succéder le choral et le cor anglais tristanesque. Et même
le troisième mouvement, dans sa polyphonie ligetienne, se termine par
un choral.
La dernière pièce Elle se termine calmement en mi bémol
mineur, et j'y rejoins un peu la pensée et l'expression tonales : d'ailleurs
cette dernière m'a t'elle jamais quitté ? On la retrouve en filigrane
dans chacune des 5 parties de Mit Innigkeit.
Extrait audio : interprété par l'ensemble Erwartung,
direction Bernard Desgraupes.