Jean-Claude Wolff

Compositeur

 

© G. Bompais


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Poèmes d'Alliance


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C'est il y a deux ans que Marie Prost et le trio Besozzi m'ont demandé de composer une œuvre pour leur formation, qui unit de façon originale la voix de soprano et trois instruments à vent de la famille des "anches doubles" (deux hautbois, un basson). J'ai cherché alors assez longuement quels textes conviendraient à ce mélange de timbres si particulier, mais aussi à quels textes je pourrais apporter cette fusion du verbe et du son, qui est une des problématiques de l'écriture musicale sur un texte signifiant. Un peu par hasard, j'ai découvert ces superbes poèmes d'Andrée Chedid, ainsi que la personnalité chaleureuse de leur auteur, qui m'a donné avec une générosité enthousiaste tout loisir de choisir les textes qui me conviendraient et de les organiser à ma guise.

C'est ainsi que sont nés deux cycles : Poèmes de révolte, et Poèmes d'alliance, tous deux issus de différents recueils de poèmes qu'Andrée Chedid a écrits et publiés entre 1946 et 1960. Le second de ces cycles, que j'évoque ici, Poèmes d'alliance, comporte six textes :
La voix
Quand l'espoir nous déserte
Chanson pour demain
La femme des longues patiences
Regarder l'enfance
Brève invitée.


Ce sont-à mes yeux tout au moins-des poèmes d'amour, d'alliance, d'espoir et de désespoir mêlés, teintés d'une certaine nostalgie, d'une mélancolie qui laisse place à un sourire et à une tendresse bien caractéristiques. Ce sont toutes ces nuances expressives subtiles que j'ai essayé d'exprimer dans ce cycle.

Dans chacun de ces poèmes, qui s'enchaînent, la voix est essentiellement chantante, mélodique, soit en de vastes intervalles expressifs, soit comme une mélopée, une psalmodie autour d'une note. La forme, souvent partiellement strophique, épouse assez fidèlement la forme des poèmes; le rythme également. La présence fréquente de rythmes obstinés (premier et cinquième poèmes) ou de notes tenues (premier, deuxième et quatrième poèmes) peuvent donner une impression presque nocturne,contredite par certains élans vers l'aigu du soprano,plus lumineux. Le dernier poème consiste, comme en un hommage aux musiques anciennes, en un contrepoint mélodique perpétuel entre la voix et le hautbois d'amour ou le cor anglais. Il conclut l'
œuvre dans une atmosphère apaisée, presque recueillie.

Extrait audio : Marie Prost, soprano, Trio Besozzi
(Marc Badin, hautbois/hautbois d'amour, Patrice Barsey, cor anglais, Hervé Issartel, basson)