Le thème de la mort, le regard
et la réflexion face à ce thème, ont suscité de très nombreuses ouvres
chez les compositeurs. Si les principaux Requiem sont vocaux, moult
ouvres instrumentales ont été composées dans cet esprit : l'une des
plus célèbres est l' "Ode funèbre maçonnique" de Mozart, mais on pourrait
en citer bien d'autres, les " tombeaux " du XVIIème et du XVIIIème siècle,
comme au XXème siècle le Requiem de Henze, pour trompette et petit orchestre.
Ce trio, Requiem(s), dont l'origine est une rencontre,
qui s'est transformée en affinités, avec le trio Athéna, se compose
de deux mouvements largement développés, séparés par un, silence d'une
vingtaine de secondes, chaque mouvement étant conçu dans une structure
lent/vif/lent, et se termine par deux accords qui sont comme une forte
résonance de la pièce. Le langage de cette ouvre ne renie en rien le
concept de "contemporain" ; mais il est aussi un et même plusieurs
hommages, dans ce que Kurtag appelait parfois la "tradition revisitée". Dans le premier mouvement, la référence à Schubert est évidente,
à la fois dans la trame mélodique et dans la pulsation de "marche funèbre", très fréquente. Dans le deuxième mouvement, les références sont
plus souterraines, mais présentes; le début et la fin de ce mouvement
évoquent le trio de Chostakovitch, alors que la partie centrale, emportée
et violente, est un reflet de la personnalité d'Olivier Greif, compositeur
français récemment disparu.
Je terminerai en écrivant que lors de sa création, ce trio a été joué
en parallèle avec la création littéraire par Alain Carré de "Mozart
et la pluie", de Christian Bobin, où l'écriture se situe dans le contexte
que j'ai évoqué, et où on trouve, certes dans une expression toute autre,
des préoccupations , des aphorismes et des affects qui me semblent quelque
peu "en miroir" avec la musique que j'ai composée.
Extrait
audio : interprétation par le trio Athena
(Philippe Tournier, violon, Frédéric Bouaniche, violoncelle, Sandra
Chamoux, piano).